L'Algérie tente de s'attaquer au fléau de la corruption
LE MONDE | 16.01.10 | 14h06
Alger Envoyée spéciale
L'affaire fait la "une" de tous les journaux algériens. Le PDG de la Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
60 ans, a été suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle
judiciaire, après avoir été inculpé en milieu de semaine pour
malversations. Ses deux fils ont été placés sous mandat de dépôt.
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Dix membres de la direction de la Sonatrach, dont trois
vice-présidents, ont en outre été soit placés sous mandat de dépôt,
soit sous contrôle judiciaire. Au total, pas moins de quatorze
personnes sont aujourd'hui poursuivies par la justice. Un véritable
séisme pour le premier employeur de l'Algérie (125 000 personnes), et
surtout le principal fournisseur en devises du pays grâce à ses
recettes pétrolières et gazières : 9,2 milliards de dollars de bénéfice
net en 2008, pour un chiffre d'affaires annuel de plus de 80 milliards
de dollars.
Le scandale a été rendu public, jeudi 14 janvier, par le quotidien francophone El Watan, qui révélait au passage que, "dans la précipitation", le ministre de l'énergie, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], avait chargé la veille [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
le seul des quatre vice-présidents de la Sonatrach à ne pas être
éclaboussé par cette affaire, d'assurer l'intérim de la présidence du
groupe.
Il serait reproché à M. Meziane et aux autres cadres dirigeants du
groupe d'avoir favorisé deux bureaux d'études et une entreprise
spécialisée dans la sécurité, en échange de pots-de-vin. Les fils du
PDG inculpé auraient joué le rôle d'intermédiaires. Cette affaire
intervient quelques semaines après que la direction du ministère
algérien des travaux publics eut été démantelée, elle aussi, pour
corruption. Au coeur du scandale : l'autoroute Est-Ouest (920
kilomètres et 11 milliards de dollars), le projet phare du président [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Ce grand chantier, qui doit relier l'Algérie à ses voisins marocain et
tunisien, est devenu soudain l'emblème de la corruption qui entoure
l'octroi des marchés publics en Algérie.
"Ombres chinoises"
El Watan, et le site Internet TSA (Tout sur l'Algérie) ont
révélé que sept hauts responsables du ministère des travaux publics
étaient sous les verrous depuis octobre 2009, en particulier le
secrétaire général et le directeur de cabinet du ministre. Ils sont
soupçonnés d'avoir favorisé un consortium chinois, CITIC-CRCC, en
échange de commissions tournant autour de 530 millions de dollars.
Dans cette affaire d'"ombres chinoises sur l'autoroute Est-Ouest", comme la surnomme la presse, le nom de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
(condamné à six ans de prison par la justice française pour ventes
d'armes illégales à l'Angola) a été avancé à plusieurs reprises par les
journaux algériens. Falcone, selon eux, serait intervenu à Alger en
faveur des Chinois, avant même le dépôt des offres de leurs concurrents
américains, franco-allemands, italiens ou encore portugais.
Voilà plusieurs mois que la présidence de la République algérienne
insiste sur sa volonté d'éradiquer la corruption. Elle sait que le
fléau ne recule pas dans le pays, bien au contraire. En 2009, l'Algérie
se classait à la 111e place (sur 180) de l'indice de perception sur la corruption établi par l'ONG [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Alors que le climat social est en ébullition, avec des grèves dures à
répétition ici et là, notamment dans la sidérurgie, le pouvoir algérien
a tout intérêt à montrer qu'il prend le problème au sérieux.
Florence Beaugé
Article paru dans l'édition du 17.01.10
LE MONDE | 16.01.10 | 14h06
Alger Envoyée spéciale
L'affaire fait la "une" de tous les journaux algériens. Le PDG de la Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
60 ans, a été suspendu de ses fonctions et placé sous contrôle
judiciaire, après avoir été inculpé en milieu de semaine pour
malversations. Ses deux fils ont été placés sous mandat de dépôt.
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Dix membres de la direction de la Sonatrach, dont trois
vice-présidents, ont en outre été soit placés sous mandat de dépôt,
soit sous contrôle judiciaire. Au total, pas moins de quatorze
personnes sont aujourd'hui poursuivies par la justice. Un véritable
séisme pour le premier employeur de l'Algérie (125 000 personnes), et
surtout le principal fournisseur en devises du pays grâce à ses
recettes pétrolières et gazières : 9,2 milliards de dollars de bénéfice
net en 2008, pour un chiffre d'affaires annuel de plus de 80 milliards
de dollars.
Le scandale a été rendu public, jeudi 14 janvier, par le quotidien francophone El Watan, qui révélait au passage que, "dans la précipitation", le ministre de l'énergie, [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], avait chargé la veille [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
le seul des quatre vice-présidents de la Sonatrach à ne pas être
éclaboussé par cette affaire, d'assurer l'intérim de la présidence du
groupe.
Il serait reproché à M. Meziane et aux autres cadres dirigeants du
groupe d'avoir favorisé deux bureaux d'études et une entreprise
spécialisée dans la sécurité, en échange de pots-de-vin. Les fils du
PDG inculpé auraient joué le rôle d'intermédiaires. Cette affaire
intervient quelques semaines après que la direction du ministère
algérien des travaux publics eut été démantelée, elle aussi, pour
corruption. Au coeur du scandale : l'autoroute Est-Ouest (920
kilomètres et 11 milliards de dollars), le projet phare du président [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Ce grand chantier, qui doit relier l'Algérie à ses voisins marocain et
tunisien, est devenu soudain l'emblème de la corruption qui entoure
l'octroi des marchés publics en Algérie.
"Ombres chinoises"
El Watan, et le site Internet TSA (Tout sur l'Algérie) ont
révélé que sept hauts responsables du ministère des travaux publics
étaient sous les verrous depuis octobre 2009, en particulier le
secrétaire général et le directeur de cabinet du ministre. Ils sont
soupçonnés d'avoir favorisé un consortium chinois, CITIC-CRCC, en
échange de commissions tournant autour de 530 millions de dollars.
Dans cette affaire d'"ombres chinoises sur l'autoroute Est-Ouest", comme la surnomme la presse, le nom de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien],
(condamné à six ans de prison par la justice française pour ventes
d'armes illégales à l'Angola) a été avancé à plusieurs reprises par les
journaux algériens. Falcone, selon eux, serait intervenu à Alger en
faveur des Chinois, avant même le dépôt des offres de leurs concurrents
américains, franco-allemands, italiens ou encore portugais.
Voilà plusieurs mois que la présidence de la République algérienne
insiste sur sa volonté d'éradiquer la corruption. Elle sait que le
fléau ne recule pas dans le pays, bien au contraire. En 2009, l'Algérie
se classait à la 111e place (sur 180) de l'indice de perception sur la corruption établi par l'ONG [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
Alors que le climat social est en ébullition, avec des grèves dures à
répétition ici et là, notamment dans la sidérurgie, le pouvoir algérien
a tout intérêt à montrer qu'il prend le problème au sérieux.
Florence Beaugé
Article paru dans l'édition du 17.01.10